Flash Back, il y a quelques temps sur un certaine île...

Dernière année de médecine pour Zaï Lan, peut-être la plus critique, qui sait ? Celle qui se soldera par une fête, orgie terrible qui enivrera l'étudiante suffisamment pour qu'elle s'endorme derrière un arbre, la mettant à l'abri d'un des pires massacres de jeunes personnes que subit la faculté d'Aeolia. Mais pour l'instant, le nez dans ses livres, Zaï préparait encore son concours. Bien que dans son cas cela soit une simple formalité – car elle était plus compétente dans son domaine que bien de ses professeurs – elle révisait avec acharnement. Ses lunettes posées sur son nez dans un équilibre plutôt précaire tant l'absence de branches se faisait sentir, elle prenait des notes sur un quelconque traité sur les verrues plantaires. Une plume verte à la main, le nez posé, presque, sur ses les pages émiettées du grimoire, un chaos la fit sursauté. En levant la tête, en arrêtant un instant son travail, elle observa à travers sa fenêtre le paysage défiler. Les côtés ensoleillées d'un bord de mer abrupte d'un côté, la campagne verte et quelques arbres fugaces de l'autre, se succédaient à un rythme effréné. Le son d'une voix au travers d'un gros Den Den mural annonça une certaine gare d'arrêt non sans en écorcher le nom au passage.

D'un geste assuré, Zaï Lan reboucha son encrier, balayant d'un revers de la main ce qu'elle avait étalé sur sa tablette pour tout enfouir dans son sac de voyage dans un fracas de mauvaise augure. N'en tenant pas compte, la jeune femme se leva. Sa robe longue retomba mollement contre ses bottines brunes. Zaï Lan y glissa ses lorgnons avant de hisser son sac sur ses épaules frêles. Déjà musclée, la jeune femme ne put pourtant pas s'empêcher de pester contre la lourdeur scandaleuse de son bagage. Ah si seulement les valises pouvaient être pourvue de jambes...

Le train s'arrêta, ses portes s'ouvrirent et Zaï Lan put humer l'air marin avec un plaisir son dissimulé. Dans un soupir profond, elle chassait les relents de cigarettes et de sueur qui planaient, méphitiques et sinueuses dans les wagons pour celle, sublime et puissante de l'iode et du sable chaud. Elle descendit sur le quai d'un bond délicat et balaya du regard le béton désert. Personne n'avait pris la peine de l'attendre. Tout le monde s'en foutait après tout et ses hôtes, elle le savait pourtant, n'étaient suffisamment accueillants pour l'héberger et en plus lui souhaiter la bienvenue.

Agacée mais réaliste, Zaï Lan sortit de la gare pour mieux découvrir et apprécier son lieu de villégiature. Certes, elle ne passait ici qu'un misérable Week End pendant lequel elle devrait travailler à ses études tous les soirs. Mais vivre dans le manoir de sa soeur lui avait paru être une compensation acceptable. En effet, pour mieux la faire rager, lui exposer sa richesse, Madame Abélia avait invité sa petite soeur. Bien sur, Zai savait qu'il n'y avait aucune espèce d'amour fraternel derrière cette propositions mais pourquoi se priver d'un peu de vacances lorsque vous passez votre vie à disséquer des corps humains (ou autres d'ailleurs!) ? Alors l'étudiante avait accepté, s'était embarquée sur le premier bateau. Ce dernier l'avait déposé dans un petit port de plaisance. Pas de chance pour Zaï – en dehors du prix exorbitant de trajet – la ville dans laquelle se trouvait la demeure d'Abélia était un 100ème de kilomètre au Sud. Elle avait donc dû multiplier les dépenses – car elle ne voyait pas encore gratuitement n'étant pas Marine – Zaï Lan avait pris un train. A présent... elle était arrivée. Ou presque.

Un vent chaud caressait le visage de la jeune femme, faisant ondulant sa robe ocre et danser ses cheveux longs. En effet, il fût un temps fort lointain ou notre amie possédait une sublime chevelure de sirène. Mais à peine fût-elle engagée dans les forces du gouvernement, qu'elle avait touché un salaire convenable, elle s'était payée un coiffeur. Car enfin, qui y a-t-il de plus désagréable que ses mèches qui dégoulinent sur votre beau visage ?

« Mademoiselle ? »

Interrogea un homme moustache qui tenant de lire tant bien que mal le panneau que dissimulait Zaï Lan. Sans aucune considération pour l'homme, elle continua de lui cacher la vue pour mieux, elle-même, apprécier le plan. Lorsqu'elle s'en détacha, le petit vieux avait préféré partir s'acheter son propre guide touristique. L'égoïsme de la situation ne frappa pas une seule seconde la jeune fille qui poursuivit sa route le plus tranquillement du monde.

La rue principale dans laquelle s'avançait Zaï n'avait jamais été pavée mais sablée avec rigueur et soin, si bien qu'aucun grain ne semblait être plus gros que l'autre. Les façades de bois, peintes de couleurs vives et joyeuses d'une centaine de maisons alignées parfaitement souriaient aux passants. Ici et là, des auberges chaleureuses ou des boutiques de souvenirs marquait l'attachement tout à fait commerciale à ce folklore de la bourgade typique. Loin de blâmer quelqu'un ayant envie de s'enrichir, Zaï Lan déambulait avec plaisir tandis que les lanières de son sac lui rongeaient l'épaule droite. Le soleil au zénith frappait durement les rues, dardant le sol qui à son tour éblouissait sauvagement les touristes en maillot de bains qui léchaient d'un regard envieux les devantures des glaciers. Une paire de lunettes de soleil aurait été la bienvenue mais c'était un article qui coûtait trop cher pour une étudiante sans le sous aussi dû-t-elle se contenter de plisser les yeux et d'endurer son malheur.

Avant que Zaï ne soit sortit de la ville, la chaleur se fit trop suffocante pour continuer sa route. La jeune femme s'assit donc à la terrasse ombragée d'un café miteux. Son sac, une fois jeté sous ses jambes fines, elle appela le serveur pour qu'il lui servît un verre de soda glacé. Certes, c'était cher, c'était horriblement et atrocement exorbitant mais voyez vous, Zai n'était plus à une dépense près. Finalement, le voyage chez sa soeur allait ruiner toutes ses économies. Enfin peu importe! Elle était là n'est-ce pas ? A deux pas de la mer! Dès qu'elle se serait reposée elle irait plonger dans l'eau claire. Ah! Comme cette pensée lui semblait exaltante!

Le soda arriva, et Zai s'en empara avec une certaine avidité.